Percevoir le vivant

C’est peut-être dans notre culture occidentale de voir les animaux comme des objets et non comme des sujets, sans parler des plantes, des bactéries ou de tout être-vivant non-humain, qui souvent ne sont rien. Le sujet reçoit une considération, des intérêts et une existence propres. L’objet ne reçoit rien d’autres que la possibilité d’être subordonné à un sujet. La plante cultivée a une vocation d’objet, elle sert à une tâche humaine : produire de la nourriture ou faire joli.

 

On en arrive à un concept que, par euphémisme, je dirais que je ne porte pas dans mon cœur, celui de service écosystémique ou service écologique. C’est le fait d’attribuer une valeur à une espèce vivante pour ses services rendus aux humains pour la pérennité de sa civilisation actuelle. Cela n’a donc rien à voir avec un service rendu à un écosystème naturel. La nature est ainsi perçue comme un objet qui pourrait être au service de l’humain et n’a de valeur que si elle l’est. Nous devrions voir les espèces comme des sujets avec des intérêts qui ne concordent pas toujours avec ceux de la civilisation humaine d’aujourd’hui.

 

L’animal de compagnie est intéressant. Pour beaucoup de gens, il y a un rapport de sujet à l’animal de compagnie qui est généralement traité de manière équivalente à un humain, on exprime de l’empathie pour cet animal. C’est par cette voie que les dénonciations de maltraitance dans les abattoirs ou les zoos touchent, parce qu’on perçoit les animaux maltraités comme des sujets et non plus comme des objets. L’animal devient sujet et on accepte de lui laisser des intérêts propres.

 

En avançant encore dans cette direction, on peut arriver à considérer comme sujet tout être-vivant. Si cela vous semble sauter une étape alors on peut d’abord passer par les plantes, sujets proches de nous, visibles, desquelles on peut assez facilement se rendre compte des intérêts propres. Et puis, en suivant le sens de cette réflexion, on pourra faire de même pour les champignons, les bactéries et autres. Mais il y a un écueil à éviter : celui de voir les vivants comme des humains.

 

Percevoir le vivant pour ce qu’il est, qu’il avantage ou non l’humain dans ses tâches, c’est se sentir inclus dans ce monde vivant, c’est y faire attention et veiller sur lui.

Écrire commentaire

Commentaires: 0