Le monde en odeurs

Le monde passe aussi par le nez. Parfois sans y faire attention, souvent avec plaisir, nous sentons notre environnement.

 

Quelque part en forêt, en balade estivale, sous les hêtres et les chênes, il y a d’abord l’odeur. Mélange extrêmement complexe entre les feuilles mortes et le bois mort en décomposition, les bactéries du sol, parfois quelques plantes odorantes et bien d’autres choses. La marche se poursuit avec le passage sous des conifères, l’odeur change délicatement. On apprend à les sentir, à les connaître, à repérer les subtilités. On apprend à apprécier les diverses nuances, à accepter les défauts et peut-être à les aimer. Sans ces odeurs qui nous entourent nous nous sentirions peut-être perdus. Bois et forêt pour certains, grands champs pour d’autres, villes et voitures pour beaucoup, forment notre environnement olfactif.

 

En atteignant la lisière, la promenade continue sous le soleil, les odeurs des plantes me font souvent tourner la tête. Il s’agit de trouver celles qui offrent le délicat parfum qui s’immisce en moi souvent jusque dans mes souvenirs. Je ne parle pas ici de ces plantes dont la seule condition consiste à être vendues sous le nom de « fleurs », je parle de ces plantes qui forment les paysages, je parle de ces odeurs du fond diffus de l’air, celles des airs de vacances ou des airs pluvieux, celles que l’on croise en marchant et en rêvant.

 

Quelques odeurs très marquées au passage des menthes incitent à sortir de la rêverie de la marche. Les érables et les tilleuls, au parfum si doux, ramènent rapidement au rêve.  Là, une autre odeur attire le nez curieux, elle devient vite désagréable, c’est celle de l’animal en putréfaction derrière la haie. La haie laisse la place aux champs garnis de leurs odeurs franches, univoques, cela grâce à la puissance de la masse des monocultures. Les odeurs sont tout de même agréables quand elles ne viennent que de ces plantes alignées. Blé, colza, maïs, pomme de terre montent avec finesse au nez.

 

En entrant dans une ville avec son cortège de rejets malodorants j’en viens presque à regretter l’odeur de l’animal mort. Heureusement, le sol et les plantes sont toujours là quelque part pour retrouver ce que je n’aurais pas voulu chercher.

 

Vous l'aurez compris, vous le saviez déjà, le monde est plein d'odeurs. Partez sentir celles qui nous entourent depuis des milliers d'années. Apprenez à vous souvenir de l'odeur de votre région.

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