Reconquérir l'artificiel

Hier soir j’ai oublié de mettre mon vélo à l’abri, et ce matin au réveil, une araignée avait tissé sa toile entre la roue du vélo et les quelques herbes à proximité. Cette araignée avait travaillé un certain temps pour subvenir à ses besoins. Elle avait utilisé mon vélo, objet extérieur à son écosystème naturel, comme endroit où positionner sa toile, comme moyen de production pour installer son outil de production.


Par ma présence, celle de mon vélo, j’avais modifié les moyens de production de cette araignée mais cela ne l’a pas empêché de tisser sa toile. Elle a pu reconquérir son territoire, reconquérir l’artificiel. Vous voyez sûrement cela tous les jours, une toile d’araignée dans un coin de la maison ou de la voiture, une herbe qui semble passer au travers du bitume ou des murs, et même une mouche qui rentre chez vous ; il s’agit à chaque fois d’une colonisation de l’artificiel, la colonisation de ce qui n’appartient pas à l’écosystème naturel de l’araignée, de l’herbe ou de la mouche mais qui a pris sa place. La vie tente toujours de reconquérir ses moyens de productions, de reprendre sa place.


Voilà qui m’éclaire encore sur la cueillette sauvage ou même la cueillette des produits de son jardin. Marcher sur les chemins, dans les bois, cueillir, manger, utiliser son environnement, c’est être en train de reconquérir un moyen de production. Manger les champignons ou les mûres sauvages c’est finalement faire comme l’araignée et utiliser notre environnement pour vivre, au contraire de cette vie artificielle si commune qui se déroule indépendamment de la nature. En ayant la libre possibilité de cueillir et de choisir ce que nous mangeons, nous reconquérons notre liberté de produire les moyens de subvenir à nos besoins.

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